Archives de la catégorie ‘Séries’

Machine est une mini-série française en six épisodes scénarisée par Thomas Bidegain et Fred Grivois et réalisée par ce dernier. Elle est diffusée en avril 2024 sur Arte. Machine est primée au festival Séries Mania, elle se veut un hommage aux films la loi du marché et Kill Bill. Parmi les actrices et acteurs principaux, on retrouve Margot Bancilhon et JoeStarr.

Quelle est l’histoire ?

Corinne Le Vasseur, surnommée « Machine » est une jeune femme, ex militaire des forces spéciales qui a fui l’armée après un drame. Pensant retrouver sa grand-mère, elle se rend dans sa ville d’origine dans l’Est de la France sous une fausse identité. Sa grand-mère étant décédée, Machine décide de se poser un peu et de s’inscrire dans une agence d’intérim qui lui trouve un emploi dans une usine qui produit de l’électroménager. Hélas, l’usine est en crise : elle vient d’être rachetée par des Coréens qui veulent la démanteler et la délocaliser en laissant les employés sur le carreau. Machine rencontre alors les employés et les ouvriers et finit par prendre par à leur lutte pour leur survie, elle devient alors la protégée de JP, un ouvrier marxiste partisan de l’autogestion. Mais, Machine est toujours recherchée par l’armée…

Et les archives dans tout ça ??

Pour une fois, cette série ne nous montre pas un archiviste, mais deux ! A priori, on aurait pu se réjouir de cette nouvelle mais, hélas, les deux sont des caricatures et illustrent le pire de ce que l’on peut trouver dans le genre.

Le premier archiviste apparaît dans le premier épisode, c’est un homme entre deux âges, plutôt frêle, doté d’une paire de lunettes et un peu couard. En effet, archiviste appartenant à un service de l’armée, il se trouve vite confronté à son collègue Benoît, un soldat un peu simplet et obsédé par Machine dont il veut se venger. Benoît veut tout savoir sur Machine et, pour ce faire, doit accéder à son dossier qui se trouve aux archives. Il menace donc l’archiviste qui s’empresse alors de faire des recherches pour lui. Sous la pression, il livre toutes les informations confidentielles se trouvant dans le dossier de personnel de la jeune femme… pas très RGPD tout ça ! L’archiviste, pour sa survie, oublie totalement les délais de communicabilité et la réglementation protégeant la vie privée des individus mais, n’oublions pas que, dans l’affaire, il risque sa peau.

Le second archiviste est justement Benoît le soldat qui a frappé le premier archiviste pour avoir des informations. Oui, vous avez bien lu ! Benoît est puni par sa hiérarchie car il a désobéi aux ordres, il ne reste donc qu’une solution : le muter aux Archives.

Au vu de son air dépité, ce n’est clairement pas une récompense et l’on peut regretter qu’encore une fois, une série présente le métier d’archiviste comme une punition et un métier que n’importe quel incidenté de carrière peut pratiquer sans aucune formation ni appétence pour le sujet.

Les archives sont évoquées d’une autre manière dans la série : lorsqu’elle se rend chez sa grand-mère, Machine ne trouve pas son aïeule décédée entre temps. Toutefois, sa grand-mère lui a laissé des cassettes audio sur lesquelles elle a enregistré des tranches de vie et des réflexions qui permettent à sa petite-fille de la retrouver à travers les archives orales qu’elle a enregistrées.

Même si on peut s’agacer des clichés attachés à la profession d’archiviste, on se consolera en se disant que l’armée n’est pas mieux lotie dans la série et que le fait d’insérer des références aux archives permet d’évoquer notre métier qui reste bien présent dans tous les pans de la culture populaire.

Merci à ma collègue Virginie Gentien qui m’a indiqué cette série qui, au demeurant, est une très bonne série.

Sonia Dollinger-Désert

La série Dopesick (littéralement « en manque » en français) est une mini-série dramatique américaine créée par Danny Strong et basée sur le livre reportage Dopesick : dealers, doctors and the drug company that addicted America (Dopesick : dealers, docteurs, et la compagnie pharmaceutique qui ont rendu l’Amérique dépendante) écrit par Beth Macy. Cette série de huit épisodes a été diffusée à partir de 2021.

Quelle est l’histoire ?

Très bien documentée, elle retrace, à travers le destin de plusieurs protagonistes (un médecin de campagne, une mineuse, des représentants médicaux, des salariés de l’entreprise Purdue Pharma, deux assistants du procureur et une enquêtrice), les origines de la crise des opiacés qui sévit aux Etats-Unis en faisant des allers et retours sur plus de 10 ans, des années 1990 à la fin des années 2010. Elle se focalise sur le cas de l’OxyContin, médicament commercialisé par le laboratoire Purdue Pharma. Elle relate l’enquête sur la mise sur le marché de ce médicament anti-douleur soi-disant non addictif qui a rendu dépendantes de nombreuses personnes. Le National institute on drug abuse estimait en 2014 que sur 52 000 morts par overdose en 2015, 33 000 ont été causées par ces médicaments.

Et les archives dans tout ça ??

Les archives y ont une place centrale car elles ont été primordiales durant la conduite de l’enquête et en tant que pièces à conviction. Qu’elles soient audiovisuelles, papiers ou numériques, les enquêteurs se basent sur elles tout au long de la série.

Dès les premiers épisodes on voit Rick Mountcastle, un des deux assistants du procureur en charge de l’enquête, regarder des vidéos qui sont en fait des archives d’une publicité mensongère pour l’Oxycontin. C’est ainsi qu’il va obtenir la première victoire, celle d’avoir accès aux documents de l’entreprise. Dans l’épisode 3, les enquêteurs attendent la livraison de ces derniers, pleins d’espoir et pensant recevoir des documents préalablement sélectionnés. Or, ils voient arriver des camions entiers de documents conditionnés dans des boites d’archives d’un célèbre tiers-archiveur américain. Ils se rendent alors compte que Purdue essaie de les noyer sous la masse des archives et des informations. Leur réaction fera forcément sourire les archivistes : « il va nous falloir des années pour cataloguer tout ça… ».

La série se déroule sur vingt ans ce qui nous permet de voir évoluer également les documents qu’ils reçoivent de l’entreprise : des courriers papiers nous passons aux emails transférés par une lanceuse d’alerte au sein du laboratoire. Du classement et de la description à la main, on passe à un système plus précis de reconnaissance par OCR des documents leur permettant de repérer des mots-clefs qui pourraient faire office de preuve, ce qui leur fait gagner un temps considérable.

Les enquêteurs effectuent des recherches dans les archives du laboratoire pharmaceutique mais également dans les archives de la police puisqu’ils doivent faire le lien entre les morts par overdose et la prise du médicament afin de pouvoir faire condamner l’entreprise. Nous observons alors les membres de l’équipe d’enquête décrire à la pièce et par mots-clés des centaines de documents dans des tableurs afin de pouvoir ensuite mettre en place des recoupements. Et c’est finalement grâce à ce travail de traitement des documents mais aussi de diplomatique, les enquêteurs s’attardant sur la forme de ces derniers ainsi que leur authenticité, qu’une première condamnation de l’entreprise peut avoir lieu. Je n’en dirai pas plus pour ne pas divulgâcher et je vous laisse découvrir cette série d’une très grande qualité.

Claire Larrieux

True Detective est une série américaine créée et scénarisée par Nic Pizzolatto dont la réalisation est confiée à Cary Fukunaga pour la première saison. La série est diffusée pour la première fois en 2014 sur HBO et en France sur OCS. Chaque saison est distincte des autres par sa distribution et son intrigue et peut donc être vue indépendamment des autres. Il sera ici question de la première saison.

Quelle est l’histoire ?

L’histoire se déroule en Louisiane en 1995 où deux enquêteurs de la Louisiana State Police récupèrent une affaire difficile. En effet, une jeune femme a été assassinée et est retrouvée nue, ligotée à un arbre, la tête ornée de bois de cerf et le corps couverts de symboles ésotériques. Les deux hommes sont collègues mais très différents : Marty Hart est un fonceur et profite de la vie tandis que Rust Cohle est un homme introverti, torturé et méthodique. Le duo va peu à peu se déchirer avant de se reformer pour résoudre une série de crimes pédophiles aux relents satanistes.

Et les archives dans tout ça ??

Comme dans toute enquête policière, les archives sont un élément du récit. Elles apparaissent tout au long des huit épisodes de la saison mais sont véritablement au centre du sujet dans les épisodes 6 et 7. Dans l’épisode 6, Rust Cohle va interroger le révérend Billy Lee Tuttle qu’il soupçonne d’être mêlé à la série de meurtres sur laquelle il enquête. Le révérend a financé dans les années 1980 un programme d’écoles privées destiné à concurrencer l’école publique. Cohle souhaiterait disposer d’informations sur les membres du personnel de l’époque, il demande à consulter « des dossiers, des listes d’enseignants ». Le révérend l’envoie vers les personnes qui administraient les établissements à l’époque, les archives étant propriété de chaque école.

On note ici la fragilité des archives privées qui peuvent disparaître totalement avec la structure qui les génère. Si elles ne sont pas sauvegardées par une institution publique, elles n’existent plus et des pans entiers de l’histoire sont engloutis à jamais. Toutefois, le révérend évoque ses propres archives mais indique « nous avons perdu beaucoup de documents dans une inondation qui a touché l’un de nos sous-sols ». L’inondation, le bon vieux prétexte bien pratique pour expliquer la disparition d’archives compromettantes, l’autre variante étant l’incendie des dépôts qui se produisent l’un et l’autre à point nommé. Le révérend propose toutefois de conduire Cohle dans les archives des ‘anciens établissements extérieurs ». Le policier, sachant bien qu’il n’y trouvera rien décline la proposition : des archives épurées ne servent plus à grand chose sinon à constater des manques.

Dans l’épisode suivant, les archives sont, au contraire, bavardes. Des années après cette confrontation avec le révérend et sa démission de la police, Cohle retrouve son ancien collègue Marty qui est devenu détective privé. Cohle n’a pas lâché son enquête et a continué à accumuler des informations. Cependant, il n’a plus accès aux archives de la police contrairement à Marty. Il lui demande donc de l’aide pour consulter les bases de données : vieux dossiers, homicides, impôts, casiers judiciaires etc.

Pour avoir accès aux archives de la police, Marty va devoir user de son pouvoir de persuasion auprès de ses anciens collègues car, normalement, il n’est plus sensé y accéder. Il soudoie le commissaire avec une bouteille de whisky et prétexte avoir besoin de consulter les archives pour un ouvrage sur des affaires classées qu’il est en train d’écrire. Marty pénètre sans aucun souci au coeur des archives ; les rayonnages sont remplis et le dépôt semble saturé.

un bel exemple de dépôt saturé

Les containers sont empilés les uns sur les autres jusqu’au plafond. Marty se dirige vers un ordinateur mais son collègue l’arrête : « tout ce qui précède 2005 et qu’a pas fait l’objet d’une enquête criminelle officielle ne sera pas sur les ordis ». L’air déconfit de Marty annonce la suite : tout ne sera pas aussi simple qu’il le pensait. Cela rappelle certains lecteurs déçus que toutes les archives ne soient pas accessibles en un clic. Oui, il faut parfois encore payer de sa personne pour obtenir des informations.

la déception de Marty qui va devoir compulser les dossiers papier

Le collègue de Marty pousse une porte et là… vision d’horreur : des containers empilés encore et encore. Pas facile d’accéder à la boîte qui se trouve en bas de la pile. Fort heureusement, les boîtes sont identifiées, ce qui aide à leur repérage mais ce qui n’est pas très réglementaire. Etonnamment là encore, certains dossiers d’enfants disparus se sont volatilisés, même au commissariat, les archives ne sont pas à l’abri.

le cauchemar… et si vous recrutiez un archiviste ?

Toutefois, en compulsant les archives fiscales, Marty retrouve la piste d’une ancienne domestique du révérend Tuttle. L’enquêteur explique sa démarche : il a compulsé toutes les archives des impôts des années 1940 à 1959 et les a recoupées avec les archives des allocations logement. En revérifiant de vieux dossiers, il remonte d’autres pistes et comprend qui avait étouffé certaines affaires. Les deux policiers soupçonnent aussi que certains actes de naissance de membres illégitimes de la famille Tuttle aient été détruits.

Malgré toutes ces destructions et ces imprécisions, la relecture des dossiers des affaires classées s’avère fructueuse. Combinée à l’esprit de déduction et à la mémoire des deux hommes, elle les conduit au bon endroit : l’enfer.

Sonia Dollinger-Désert

Les carnets de Max Liebermann (Vienna Blood en version originale) est une série policière britannico-autrichienne de 3 saisons et de 9 épisodes, diffusée depuis 2019. Elle a été diffusée sur France 3. Il s’agit d’une adaptation d’une série de romans écrit par Frank Tallis, psychologue clinicien anglais. Je n’évoquerai que les épisodes de la série, car je n’ai pas lu les romans, pourtant disponibles en français aux éditions 10/18.

Quelle est l’histoire ?

Nous suivons les aventures de l’inspecteur Oskar Rheinhardt, policier associé au jeune docteur juif Max Liebermann, dans la Vienne des années 1900. Dans une ambiance antisémite et nationaliste, le docteur Liebermann va utiliser les préceptes naissants de la psychanalyse pour assister l’inspecteur Rheinhardt dans ses enquêtes et résoudre des crimes étranges.

Et les archives dans tout ça ??

Qui dit enquêtes policières, dit très souvent mobilisation des archives. Et, en effet, à partir du premier épisode de la saison 2, nous allons croiser quasi à chaque épisode Lisa Linder, la nouvelle archiviste, que l’inspecteur prend tout d’abord pour la femme de ménage !

une salle d’archives surchargée

En général après « archiviste », je précise généralement l’institution auquel ce dernier est rattaché. Mais là je ne pourrais pas, car l’entité de production des archives ou de rattachement du service archives n’est jamais spécifiée ! A priori il s’agit des archives de la Police de Vienne. La première recherche de Lisa Linder consiste à trouver des informations concernant le sous-lieutenant Oktav Hauke : elle sort un article, clairement issu d’un travail de revue de presse, sur la sortie honteuse du sous-lieutenant du régiment des Uhlans. Quand l’inspecteur parle à voix haute de l’affaire, il s’excuse de son indélicatesse, et Lisa de lui répondre « Je suis employée ici ». Partons donc du principe qu’il s’agit donc des archives de la Police de Vienne.

Pourquoi se focaliser là-dessus me direz-vous ? On pourrait parler de la représentation des archives, dans ces salles pleines de papiers qui débordent, un capharnaüm organisé, dont seul l’archiviste a la clef. Mais la deuxième recherche oriente le spectateur sur la manière dont les archives et l’archiviste sont utilisées dans la série. La victime avait donné au docteur Liebermann le nom de Blanca Mar lors de séances privées. Le nom est donné à l’archiviste pour savoir s’il s’agit d’une vraie personne et non d’un fantasme comme le pensait initialement le docteur. L’archiviste ne trouvant pas de Blanca Mar s’exprime alors ainsi « Le docteur a peut-être raison, elle n’existe pas, du moins pas dans les archives ». Et là on se demande comment un professionnel sérieux dont les archives sont limitées, surtout au début du XXe siècle peut tenir ce genre de discours.

l’archiviste pointe le coupable du doigt.

L’inspecteur la sollicite ensuite pour :

– essayer d’identifier un cadavre parmi les dossiers des personnes disparues,

– identifier tout ce qui peut être lié à un symbole de main noire, elle découvrira qu’il s’agit d’un mouvement nationaliste serbe,

– trouver les plans d’un monastère (elle renvoie l’inspecteur au musée de la ville),

– d’identifier des armoiries nobiliaires,

– de trouver des cambriolages similaires à celui qui a lancé l’enquête,

– de fouiller dans les registres militaires, d’ailleurs elle trouve le dossier de carrière militaire d’une victime,

– trouver le possible amant d’une actrice, en fouillant les archives de la presse.

On voit clairement ainsi que Lisa Linder est une magicienne capable de ressortir des documents qui ne sont pas sensés être là, tordant la réalité d’un métier pour en faire un ressort scénaristique. Lisa Linder devient donc Zébulon le diable sur ressort et magicien, non pas du Bois Joli, mais des documents introuvables !

Marc Scaglione

Le Sang de la vigne est une série littéraire de Jean-Pierre Alaux et de Noël Balen publiés chez Fayard. Ces romans sont librement adaptés dans la série télévisée éponyme de 2011 à 2017 avec dans le rôle titre, Pierre Arditi. L’opus qui nous intéresse s’intitule « Les Veuves Soyeuses », publié en 2004. Il est librement adapté par Jacques et Christiane Lebrima et l’épisode est diffusé au printemps 2013. On retrouve au casting Pierre Arditi, Evelyne Bouix et Salomé Stévenin. 

Quelle est l’histoire ? 

Après la mort de son fils unique,  puis de son mari, Alice de Vonnelle est obligé de cohabiter avec sa bru Marianne. Héritière du domaine familial de Champagne, elle décide de créer une cuvée d’exception au nom de son fils. N’y connaissant rien, elle embauche alors Benjamin Lebel, œnologue de renom pour lui créer ce millésime ! 

Et les archives dans tout ça ??

Attention ce qui suit dévoile l’intrigue de l’épisode

J’évoquais un peu au-dessus le caractère « librement adapté » de l’épisode de la série, c’était un euphémisme. Car en dehors de l’intrigue principale, c’est-à-dire la création d’une cuvée d’exception en l’honneur du fils décédé, le reste est différent : les noms changent, des personnages disparaissent, d’autres apparaissent, etc. Ainsi la question des archives est totalement absente du livre. Nous allons donc nous concentrer sur l’épisode. 

Après la mort de son mari, Alice de Vonnelles découvre un testament olographe de ce dernier dans la poche d’une veste. Reconnu valable par le notaire après expertise, ce document fait d’Alice l’héritière du domaine familial, hors deux parcelles qui vont à sa bru Marianne. Alice ne vient pas du sérail du monde viticole. Elle a été élevée par un oncle intéressé par son patrimoine, avec son cousin Aymeric Montet, un militaire. Ce dernier vient régulièrement soutenir moralement sa cousine.

l’enveloppe scellée contenant le testament

C’est ainsi que Benjamin Lebel croise un matin Aymeric revenant de son jogging. Quand Benjamin lui indique qu’il n’est pas coureur, mais qu’il n’en a pas besoin car n’étant pas militaire, Aymeric répond « Moi non plus ». A l’étonnement de Benjamin, Aymeric ajoute « Si mais pas tel que vous l’imaginez. Je travaille dans un bureau, au SDH (sic) pour être plus précis, un organisme qui dépend du DMPA » avant de préciser pour être intelligible « Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives », en précisant que cela ne nécessitait pas la pratique quotidienne du jogging. Bien que peu sportif, je dois dire que de l’activité physique n’est pas de trop lorsqu’il faut pratiquer la manutention de lourdes boîtes ! Mais bref, Aymeric travaille donc au Service historique de la Défense (SHD et non SDH, erreur du script ou de l’acteur allez savoir), la DMPA puis DPMA ayant existé de 1999 à 2022, scindée en deux alors avec pour entité héritière notamment la DMCA ou direction de la mémoire, de la culture et des archives. 

Plus tard, Benjamin Lebel croise à son hôtel un personnage excentrique qui se dit fan de Lebel, mais qui s’avère bizarrement ne rien connaître au monde du vin, plus intéressé par la valeur foncière des vignes. Il s’agit de Hans Lucas, un enlumineur suisse. La conversation est courte et n’aura pas de suite, Hans Lucas est retrouvé mort le lendemain. Et les cadavres s’empilent car l’oncle d’Alice est tué, et la mort de son mari devient suspecte. 

la rencontre avec Hans Lucas

C’est à la toute fin que Benjamin Lebel découvre le pot-aux-roses : Aymeric Montet, militaire du SHD, est le meurtrier. Voulant favoriser sa cousine, il a assassiné son mari, puis a utilisé ses connexions professionnelles pour payer un enlumineur afin qu’il rédige un faux testament. Quitte à liquider le faussaire lorsque celui-ci est devenu trop gourmand. 

Ainsi cet épisode rappelle à quel point la critique des sources documentaires est fondamentale, et à quel point l’expertise est aussi un métier. L’art de l’analyse du document, la diplomatique, est à la source des pratiques de l’École des chartes dont l’un des objectifs était de former à la distinction des fausses chartes médiévales. La diplomatique a l’heure du numérique a toujours sa place et doit figurer, si ce n’est pas déjà le cas, dans la formation des experts en écriture, faussement appelés graphologues (le premier est une science para légale, le second est une pseudoscience). Hélas la notion de document numérique s’effrite pour laisser place à de la « Data », la diplomatique est donc encore plus nécessaire dans un monde informatique aux conceptions floues. 

Marc Scaglione