L’archiviste revêche de Ce que savait la nuit

Publié: 12 septembre 2020 dans Littérature
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Ce que savait la nuit est un thriller d’Arnaldur Indridason, journaliste islandais et auteur de romans policiers. L’ouvrage est sorti en France aux éditions Métailié en 2019 puis en points poche en 2020.

Quelle est l’histoire ?

Sur le glacier de Langjökull dont le recul s’accélère à cause de la fonte des glaces, un groupe de touristes en excursion découvre un corps. Il s’agit du cadavre de Sigurvin, un homme d’affaires disparu trente ans auparavant. Son ancien associé, accusé à l’époque, est de nouveau sous les verrous. Mais l’inspecteur Konrad est sceptique. Bien qu’étant en retraite, cette affaire le hante et il reprend son enquête bâclée, à l’époque, par un de ses collègues.

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Et les archives dans tout ça ??

Les archives sont d’abord présentes à travers la vie personnelle de l’inspecteur Konrad. La mort de son père a réveillé en lui quelques traumatismes et il se trouve devant les archives paternelles. On sent que Konrad ne sait pas par où commencer avec ces documents qui lui rappellent ses relations conflictuelles avec une figure paternelle recelant encore bien des mystères. Ces documents sont décrits de manière classique : « vieux papiers », « papiers jaunis » inévitablement rangés dans des cartons à la cave. Pourtant, dans des périodes de doute et de questionnement personnel, l’inspecteur ressort ses archives, ce qui prouve leur utilité : celle de maintenir le souvenir et, parfois, d’expliquer un peu le parcours des aïeux.

Mais c’est dans le cadre de son enquête sur la mort de Sigurvin que l’inspecteur Konrad échange avec une archiviste prénommée Olga dont il semble qu’il la connaisse déjà puisqu’elle est décrite comme « aussi peu avenante que d’habitude ». Tiens, une archiviste revêche, ça faisait longtemps ! Et Olga est un modèle du genre. Cette archiviste des archives de la Police est évidemment proche de la retraite et n’est pas « à prendre avec des pincettes » ce qui implique que ses collègues limitent « leurs relations avec elle au strict nécessaire ». Sa description physique montre une femme « petite, les jambes courtes et solides, carrées, le corps imposant », Olga n’est pas un prix de beauté ni d’amabilité, un véritable cliché ambulant que son mari a fini par quitter tellement elle est acariâtre.

Quand Konrad lui demande des documents, elle se montre « agacée » mais échange toutefois avec son ex collègue. Pourtant, elle se montre intraitable sur les conditions de communication des documents : « je ne suis pas autorisée à te communiquer ces procès-verbaux (…) Tu ne travailles plus dans cette administration et nos archives ne sont pas ouvertes au public. » L’auteur qualifie son attitude de « vacharde » alors qu’Olga ne fait que respecter le règlement. Konrad fait alors appel à la mémoire de l’archiviste qui n’hésite pas à l’aider puisque cela n’enfreint pas sa déontologie. Konrad ayant réussi à piquer sa curiosité, elle oublie ses propos précédents et compulse des dossiers aux côtés de l’inspecteur retraité : rapport d’autopsie, croquis etc défilent devant leurs yeux. L’archiviste se passionne à son tour pour l’enquête et finit par laisser tomber sa mauvaise humeur. Peut-être parce que quelqu’un prend son avis en considération et l’implique dans l’enquête ?

Comme souvent dans les thriller, les archives aident à faire avancer l’enquête : Sigurvin, l’homme qui a été tué il y a trente ans, faisait partie des scouts dans sa jeunesse. Konrad recherche alors dans les archives du mouvement qui Sigurvin avait bien pu fréquenter à cette époque : les documents ont été informatisés, ce qui permet une recherche par indexation. Pour avoir des précisions sur les conditions du meurtre, Konrad doit se pencher sur les archives météorologiques. On voit donc combien l’enquêteur travaille minutieusement et progresse grâce aux informations glanées dans les archives.

Quelles que soient les conditions de consultation des archives, ce sont elles qui font avancer l’histoire et une fois passée la mauvaise humeur d’Olga, on découvre peu à peu les réponses à nos questionnements.

Sonia Dollinger

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