Astrid et Raphaëlle : une archiviste hors du commun

Publié: 4 avril 2020 dans Séries
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Astrid et Raphaëlle est une série télévisée policière franco-belge, créée par Alex de Séguins et Laurent Burtin (La Stagiaire, La Source, Lebowitz contre Lebowitz), diffusée en mars – avril 2020 sur France 2.

Nous y suivons les aventures du capitaine Raphaëlle Coste, une policière impulsive, incarnée par Lola Dewaere ; et d’Astrid Nielsen, documentaliste à la Documentation criminelle et atteinte d’autisme, incarnée par Sara Mortensen. Cette dernière va devenir consultante en criminalistique et apporter ses facultés extraordinaires au service des enquêtes.

Couverture

Une illustration qui met en valeur les enquêtrices et les boîtes d’archives dont les cotes sont tout à fait réalistes

Et les archives dans tout ça ? ?

La première question est : Astrid Nielsen est-elle documentaliste ou archiviste ? Les deux termes sont confusément utilisés dans les fiches et descriptions de la série. Astrid Nielsen se définit elle-même comme « documentaliste au Service de la Documentation criminelle », service dont le lieu de tournage n’est autre que le bâtiment des Archives départementales du Val-de-Marne. Le Service Central de la Documentation Criminelle existe bel et bien : il gère les bases de données des infractions ou des personnes recherchées, mais aussi les dossiers criminels (archivage intermédiaire). Il s’agit d’un service mixte documentation/archivage donc.

Le capitaine Coste décode un message d'Astrid grâce à des boîtes mal rangées

Le capitaine Coste décode un message d’Astrid grâce à des boîtes d’archives

On voit cependant peu le travail d’Astrid. Elle évoque ses recherches dans la documentation criminelle, mais aussi son action de destruction de dossiers qui ont plus de cinquante ans. En effet, au bout de cinquante ans, les dossiers sont archivés, entendons par là qu’ils rentrent dans les archives historiques. N’y sont versés que les dossiers qui ont une pertinence historique, les autres allant « au pilon ». Quels sont les critères ?  Nous n’en savons rien, mais la question se pose. Ainsi dans l’épisode 5, Astrid indique avoir pilonné un dossier de disparition datant des années 1950 Il s’avère ensuite que la disparition de cette personne avait fait couler beaucoup d’encre dans la presse de l’époque. Un motif suffisant de conservation ? Apparemment non.

Dans le dernier épisode de la saison 1, on voit Astrid recevoir un dossier d’enquête, elle semble vérifier son contenu, elle le numérise puis classe le dossier physique dans les rayonnages.

Quant au personnage d’Astrid, certains pourraient s’offusquer  – à tort – que la profession soit associée à l’autisme. L’archiviste est souvent dépeint comme un personnage un peu à part, un peu vieux, un peu sévère, un peu hautain, un peu lunaire voire un peu fou. Bref, pas un boulot pour une personne « normale ». Pourquoi Astrid travaille-t-elle dans ce domaine ? Son père connaissait le responsable de l’époque et indique qu’elle est parfaite pour ce travail qui exige « silence et rigueur ».  Les archives ne sont pas un placard, mais un travail qui demande des qualités ! Valorisation donc.

Astrid à son bureau des archives

Astrid à son bureau des Archives

En outre, la série a pour objectif de montrer un autre visage de l’autisme, le contraire de la stigmatisation. Enfin il faut aussi analyser cette dernière sous l’angle du duo d’enquêteur. Il s’agit d’une figure célèbre, que certains diront éculée, d’un duo composé d’un policier de caractère et d’un consultant avec des capacités extraordinaires offrant un angle d’attaque inédit et donc utile pour l’enquête. Dans le cas d’Astrid, outre ses qualités professionnelles qui lui permettent de fournir des informations pertinentes très rapidement, elle a aussi une mémoire impressionnante : elle se rappelle de tout ce qu’elle a lu et peut le retranscrire. A ce titre, elle n’est pas sans rappeler le personnage de Sheska.

Ainsi, si la série décrit peu le quotidien réel de la vie d’un documentaliste/archiviste, elle n’en donne pas moins une image valorisante de la profession en mettant en avant les qualités nécessaires à son exercice mais aussi son utilité quotidienne. Comme le répète Astrid : « Il y a une trace, il y a toujours des traces », et c’est à nos professions de les exhumer !

Marc Scaglione

commentaires
  1. DAL SOGLIO dit :

    Bravo pour cette très belle analyse d’une série que j »adore. Espérons qu’il y aura une saison 2 !

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  2. anne dit :

    En tant que documentaliste, je ne touche pas une seule boite d’archives ! belle confusion encore entre doc / archives (un peu plus elle était bibliothécaire hihi)

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