C’est avec grand plaisir que nous accueillons sur ce blog Océane Jean, étudiante en Master Pro Archives à l’Université de Bourgogne qui nous évoque un récit mythique.
Nul n’a pu échapper à la trilogie du Seigneur des anneaux, réalisée par Peter Jackson, adaptée des œuvres de J.R.R. Tolkien de 1954-1955. Le premier volet, La communauté de l’anneau, sort dans nos salles en 2001, et se place rapidement à la 2e place du box-office américain.
L’histoire est celle du jeune Frodon Sacquet, hobbit résident à Cul-de-Sac dans la Terre du Milieu, qui fête l’anniversaire de son vieil oncle Bilbon. Décidant se retirer parmi les elfes pour y terminer ces jours, Bilbon lègue à son neveu un héritage parmi lequel se trouve un anneau qui, rapidement, interpelle son ami Gandalf. À juste titre, cet anneau n’est autre que l’anneau unique forgé il y a des millénaires de cela par le seigneur des Ténèbres Sauron alors vaincu, mais qui permettrait à ce dernier son retour et son règne maléfique sur la Terre du Milieu. Pour éviter cela, une communauté de l’anneau se constitue dans le but de détruire l’objet là où il fut forgé, soit à la montagne du Destin. À partir de là s’annonce un long et périlleux périple où la communauté devra se défendre contre l’armée de Sauron, mais aussi contre l’emprise et les pouvoirs de l’anneau lui-même…
Et les archives, dans tout ça ??
C’est lors d’une scène toute particulière que la question des archives intervient. Pour la resituer, Gandalf vient de découvrir l’anneau légué par Bilbon à Frodon et se retire dans la cité de Minas Tirith pour répondre à des « questions auxquelles il faut des réponses » au sujet de l’anneau mystérieux : s’agit-il de l’anneau unique, ou d’un simple anneau magique ? … Trêve de suspens, nous retrouvons l’homme dans une salle qui ressemble assez singulièrement à une salle d’archives où règne le désordre ! Livres empilés, objets de toute part, toiles d’araignées et poussières, bougies et torches enflammées en guise d’éclairage, sont au rendez-vous. La personne semblant être responsable de ces archives, n’est pas mieux lotie, et est surtout utile pour ouvrir la salle, et indiquer l’emplacement des documents cherchés…
Lieu perdant toute sacralité par son ambiance, Gandalf fume sa pipe, boit sans gêne, et plie les parchemins. Ce lieu de conservation désordonné, insalubre, regroupant tous les éléments propices à la destruction des archives, a su paradoxalement les conserver depuis 3 à 4 millénaires… Et heureusement ! Puisque ce sont bien les documents lus par Gandalf qui sonnent le glas pour la quête vers la constitution de la communauté de l’anneau, et plus largement, pour la destruction de l’objet. Ces documents sont des archives d’Isildur, roi du Gondor près de 3400 ans plus tôt, qui détaillent l’affrontement entre le roi et Sauron, permettant à Isildur de prendre possession de l’anneau. Les archives indiquent que si l’anneau, une fois passé par le feu, révèle des inscriptions, c’est qu’il est bien l’anneau unique…
Cette étape est finalement la première dans la longue traversée menée par la communauté de l’anneau : elle permettra à Gandalf d’identifier l’anneau comme étant l’anneau unique, et engagera la quête vers sa destruction. Sans l’archive, peut-être n’aurions-nous jamais su la vraie nature de l’objet. Cette courte scène, pour un film d’une durée de 219 min dans sa version longue, présente l’archive comme élément instructeur et décisif : elle témoigne d’un passé, qui est nécessaire à la compréhension du présent, et qui, à l’avenir, conduira à la prise de décisions pour veiller à la sauvegarde de la Terre du Milieu.
Océane Jean
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