Fringe : sauver l’histoire de l’humanité

Publié: 29 janvier 2023 dans Séries
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Fringe est une série télévisée américaine de science-fiction et d’horreur. Créées par JJ Abrams (Alias, Lost, Star Trek), Alex Kurtzman et Roberto Orci (Hawaii 5-0), les cinq saisons furent diffusées à la télévision américaine de septembre 2008 à janvier 2013, soit il y a tout juste dix ans au moment de la rédaction de ce billet. L’univers de Fringe connut aussi une extension via des comics édités par Wildstorm et sortis en France chez Panini Comics. La série est actuellement accessible en DVD et sur Prime Video. 

Quelle est l’histoire ? 

Suite à un accident inexpliqué pendant le vol 627, tous les passagers sont morts. Durant l’enquête, John Scott, agent du FBI est grièvement blessé. Pour le sauver et découvrir ce qui s’est passé, l’agent Olivia Dunham va s’allier à Peter Bishop, un brillant touche-à-tout un peu escroc, et à Walter Bishop, père de ce dernier, savant d’exception enfermé dans un hôpital psychiatrique. 

Une fois l’enquête résolue, l’équipe ainsi formée devient la division « Fringe » du FBI chargée d’enquêter sur tous les phénomènes étranges et paranormaux. 

Et les archives dans tout ça ??

En tant que feuilleton de prime abord policier, les archives sont partout puisqu’extrêmement sollicitées par la quête d’information. 

Ainsi, pour ne citer qu’un exemple dans le onzième épisode de la saison 2 intitulé « Le Village des Damnés » en français, Olivia et Peter enquêtent dans les archives municipales d’une petite ville pour identifier des agresseurs. Ils s’aperçoivent que les dossiers de nom commençant par F manquent dans le fichier du recensement. Ce qui va les conduire sur la bonne piste. 

Mais les enquêtes de police ne sont pas les seules à solliciter les archives. Walter Bishop ayant travaillé pour le gouvernement, il s’avère que nombre des premières affaires de la Division ont un lien avec ses travaux scientifiques. Ce dernier ayant hélas une mémoire peu fiable et très fragmentée, due à ses seize ans de passage en hôpital psychiatrique, la fouille dans ses dossiers de recherche est indispensable. C’est d’ailleurs par hasard que ceux-ci sont retrouvés. Walter ayant un souvenir éclair de l’endroit où il a laissé sa voiture, seize ans auparavant, il la retrouve enfermé dans un garage, rempli des cartons contenant les dossiers de recherches. Non classés et encore moins informatisés, chaque affaire nécessite de parcourir tous les dossiers avant de trouver celui qui pourrait correspondre. Un exemple intéressant d’informations perdues puis retrouvées in extremis mais difficilement exploitables en l’état. 

Mais l’évocation la plus intéressante et importante a lieu dans l’épisode 3 de la saison 5 « l’Archiviste » en VF (« The Recordist » en VO). Nous sommes alors en 2036, et la planète est sous le joug des Observateurs, une espèce humaine de voyageurs temporels, depuis 2015. Walter a établi un plan pour les vaincre, mais il ne s’en souvient plus. Néanmoins il a laissé plusieurs cassettes VHS décrivant le plan. Je passe rapidement sur le fait que les VHS sont dans un mauvais état dû à leur condition de conservation. L’une de ses cassettes indique qu’ils doivent récupérer un élément du plan dans le Nord-Ouest de la Pennsylvanie. Visitant les lieux, l’équipe de la Division tombe sur un campement. Le chef du groupe de survivants se nomme Edwin Massey. Sous le camp, se trouve une cave remplie de mémocubes. Ces derniers contiennent « les comptes-rendus des événements majeurs de l’histoire de l’humanité depuis l’invasion », à en croire Edwin. En effet, son groupe chronique mais aussi récupère le plus d’informations possibles. Cette mission autoproclamée démarra avec le père d’Edwin. Ce dernier pensait, en effet, que l’histoire des peuples vaincus est réécrite par les vainqueurs. Conserver la réalité des événements via un archivage est donc un acte « important ». Quitte à y sacrifier leur santé, puisque le groupe est atteint d’une maladie grave qui les calcifie peu à peu, et les installations ne sont pas déplaçables. 

Cet épisode soulève plusieurs points. Premièrement celui de la sélection des archives. Il est évoqué que sont archivés « les comptes rendus d’événements majeurs », mais sous quel filtre de sélection ? Ce n’est pas précisé, mais il est toujours bon de rappeler que les archives ne sont qu’un échantillon fruit d’une sélection humaine ou temporelle (destruction due au temps, intempéries, déménagements, etc). 

Deuxièmement, celui de l’archive comme source indispensable à l’histoire. Le roman national privilégie souvent l’aspect romanesque à celui de la source. On préfère une belle histoire à une histoire vraie. Mais il convient de rappeler que l’histoire sans archives n’est qu’une fiction. 

Et enfin, et surtout, un aspect peu traité dans les différentes œuvres de fiction : la vocation. Nous évoquons souvent dans nos billets les clichés autour des archivistes et surtout l’aspect punitif que représente notre travail pour la majorité de la population mais aussi des personnages de fiction. Dans le cas présent, l’archivage n’est pas vu comme une punition, mais comme une mission d’importance, qui mérite qu’on y sacrifie sa santé et sa vie. Je n’irais pas dire que, dans la réalité, nous ayons tous une telle passion chevillée au corps. Mais il est bon de voir et de rappeler que pour de nombreux professionnels du patrimoine et donc des archives, notre mission ne se limite pas qu’à une simple besogne administrative, mais une vocation dédiée à la sauvegarde de l’histoire humaine, petite ou grande. 

Et cela fait du bien de le dire. 

Marc Scaglione

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